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Projet \ Insomnies

Prenant la place des Terreaux comme spectacle et comme scène, Insomnies nous rappelle au souvenir de ce qu’a longtemps occulté la Ville de Lyon : le quartier des Confluences. Depuis quelques années, ce quartier fait l’objet d’un nouveau projet de réaménagement accomplissant enfin le lien entre la Presqu’île et ce lieu dédié pendant des décennies aux industries polluantes, abattoirs, gare de triage, prison...

Insomnies raccorde les deux lieux pour faire spectacle : la place des Terreaux - lieu de tous les pouvoirs, espace de déambulation nonchalante - et les rues du confluent où se donne, au-delà des images publicitaires d’un renouveau annoncé, un autre spectacle de la vie urbaine - la prostitution.

Dans les deux lieux on « passe ». Mais si, à la place des Terreaux, on « passe pour être vu », au confluent, on « passe pour voir ». Des corps en attente, debout le long des rames du tramway, s’offrent aux regards intrigués, concupiscents, et parfois méprisants, du passant ordinaire.

La façade de la Galerie des Terreaux, ainsi que les deux vitrines qui l’ornent, sont « habitées » le temps d’une nuit, de la tombée du jour à l’aube, par une projection vidéo. Des mannequins dénudés sont installés dans les vitrines et la façade de la Galerie des Terreaux devient écran de projection. Le décor installé, le spectacle peut alors commencer pour nous faire découvrir, en plein centre ville, les voix de prostituées qui se racontent comme femmes.

Si la présence d’une camionnette de prostituée comme support de projection ne laisse aucun doute sur le sujet du spectacle, les images projetées surprennent. En effet, les mannequins, souvenirs des usages commerciaux de la Galerie des Terreaux et des corps prostitués, deviennent les supports de projections d’images vidéo représentant des usagers nocturnes de la place des Terreaux rencontrés au grès des repérages.

Avec Insomnies, KompleXKapharnauM magnifie l’effet « miroir reformant » comme pratique du « théâtre du rue ». Si le miroir donne à voir l’illusion d’une image identique, et le miroir déformant une dérision de ce que nous sommes, le spectacle dans l’œuvre de KompleXKapharnaum est un « miroir reformant » qui met devant nos yeux les télescopages dans nos pratiques quotidiennes de la ville. Espaces cachés, espaces visibles, espaces voulus, espaces détestés… les espaces de la ville se révèlent affaire de perceptions des uns et des autres, habitants et usagers.

Et si la ville ne serait qu’une image, en attente d’une œuvre pour en révéler le réel ?