A partir d’un travail documentaire réalisé en amont, Mémento interroge les résistances d’hier et d’aujourd’hui, se penche sur des pratiques, des expériences, en marge de la société et de l’ordre établi.
Une fiction construite sur un socle documentaire
KompleXKapharnaüM écrit ses interventions à partir de rencontres et de la matière sensible qu’elles génèrent. A l’origine du travail documentaire entrepris pour Mémento, il y a cette volonté de partir de l’individu, de singularités.
La résistance, c’est d’abord un écart à la norme. Pas question de puiser ici dans la boîte-à-outils de la contestation, de distinguer de grandes figures de la résistance, ni de fournir le manuel du parfait résistant.
S’adresser plutôt au résistant qui s’ignore, que d’autres sauront un jour débusquer. Celui dont le comportement est criminalisé, les agissements réprimés ou contrôlés. Pour s’intéresser davantage aux techniques qu’il développe, qu’à la cause qu’il est censé défendre.
Comment entre-t-on en résistance ? Pourquoi décide-t-on de faire un pas de côté ? Quand s’opère la bascule ? Quand peut-on dire que l’on a atteint le point de non-retour à la norme ? Telles sont les interrogations qui ont guidé le travail documentaire de Mémento. Avec cette volonté : porter un autre regard sur les marginalités. Et cette intuition : la marge est à l’avant-garde. C’est là que demain se tente, s’expérimente et s’invente.
Une dramaturgie inscrite dans le territoire
La ville est le décor naturel de la fiction ; le territoire, constitutif de la dramaturgie et du travail plastique.
Contrairement au graff qui conquiert un espace et le définit par sa marque, Mémento prend le territoire comme point de départ. Les « plaques commémoratives » sont créées en fonction de lieux types : équipements publics, commerces, habitations, ruelles… L’image proposée combine le support aux éléments graphiques rapportés.
Ainsi, le sens induit par les différents espaces participe de la dramaturgie du spectacle, qui se construit au fil du parcours reliant les fresques entre elles.
Un détournement de la place de l’image dans la ville
En s’appuyant sur des techniques de marketing urbain et sur la pratique de la peinture muraliste, Mémento interroge la place de l’image dans l’urbain.
Historiquement, le muralisme est à la fois une pratique et un mouvement artistique consistant à réaliser des peintures murales, en particulier sur les murs d’édifices publics (hôpitaux, écoles, lycées, universités, ministères). La peinture murale est donc solidaire de l’architecture. Elle témoigne des préoccupations de chaque époque, art public ou privé, laïque ou religieux, populaire ou élitiste.
La paroi, le mur - premier support de la peinture depuis les origines de l’Humanité - est aussi le lieu d’expression de revendications politiques ou sociales. Le simple geste de poser une affiche sur le mur d’une ville est pourtant devenu un acte illégal, suspect : il est considéré comme une dégradation, une atteinte à la propriété privé.
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